- je jouais non-stop à Tôkiden, puis Dragon's Crown, puis Muramasa et son nouveau et superbe DLC.
- j'avais trop de boulot.
Monomaniaque comme je suis et merdique comme est la production de jeux vidéo actuellement (nous allons y revenir, car c'est aussi un peu le sujet de cet article), je joue rarement à "plein de jeux" en même temps, et donc j'ai pas forcément des millions de trucs à raconter quand je reste sur le même jeu. Et qu'il est bien.
Mais là, après avoir été un peu saoulé par Dragon's Crown (très sympa, mais se retaper toutes les mêmes missions avec chaque perso, paie ta monotonie, quoi) et avoir fini le DLC de Muramasa, je me suis retrouvé "sans rien à jouer", donc je me suis dit : "allez, on t'a filé un Soul Sacrifice il y a 1 an, essaie pour voir"...
1) Soul Sacrifice.
Alors Soul Sacrifice, c'est de la merde. Ça veut pas dire que t'as pas le droit d'aimer, ça veut dire que ça a été fait par des abrutis qui ont bien mérité leur titre de "trou-de-balle", et je m'en vais t'expliquer pourquoi.
D'abord c'est très moche. Pas le design, forcément, mais la réalisation. Les personnages avec une définition PS2, les textures crados ou plastique, bref, c'est assez laid.
Et puis surtout, l'ergonomie, je pense que c'est le même gars qui avait fait les menus de Xenosaga, je vois pas d'autre explication à ce non-sens.
Je te donne l'exemple typique de ce qui me fout hors de moi : tu veux continuer à jouer, tu ouvres ton jeu, il repère la sauvegarde et place directement le curseur sur "continue". Bien.
Ensuite, tu choisis la sauvegarde que tu veux et là, INCROYABLE : le curseur se met par défaut sur "Non". Euh, tu veux que le mec joue au jeu, oui ou merde ? Donc tu dois appuyer vers la droite et ensuite valider.
ET LÀ, TOUT AUSSI INCROYABLE : un écran apparaît pour te dire "j'ouvre le jeu", et tu dois CLIQUER POUR VALIDER !
C'est-à-dire qu'à un stade où tu n'as aucun moyen de faire quoi que ce soit, les mecs ont trouvé que c'était une bonne idée de t'informer qu'ils lançaient la sauvegarde avec laquelle tu veux jouer (merci, c'est pour ça que je l'avais sélectionnée, figurez-vous), et t'obligent à cliquer sur un écran qui ne sert à rien au lieu de lancer directement le jeu !
Et tout le reste du jeu est exactement comme ça, avec une gestion des menus à chier, et un ratio de 3 clics par action.
Je te parle même pas de la transmutation des items et des sorts, horrible, ni de la gestion catastrophique de la caméra, l'interface de Tôkiden apportant toutes les réponses aux questions que les créateurs de Soul Sacrifice ne se sont pas posées.
Tu vas me dire : "holà làààààà, comment tu pinailles, qu'est-ce que ça peut foutre ?"
Ça peut foutre que c'est à la tâche qu'on reconnaît l'ouvrier. Ça fait 20 ans qu'on a du jeu vidéo avec des menus, donc l'ergonomie foireuse, ça ne peut tenir qu'à 2 facteurs :
1) tu as voulu innover sans t'inspirer de ce qui avait déjà été fait de bien. Tu es un trou-de-balle.
2) tu as sciemment ignoré 20 ans d'histoire et de mecs qui se sont pété le cul pour faire des menus ergonomiques : tu es un trou-de-balle.
Voilà, tout simplement. Inafune Keiji, tu ouvres beaucoup ta gueule, mais ton jeu il pue la merde.
Et comme par hasard, je suis en ce moment dans la démo de God Eater 2 et AUCUN de ces problèmes n'apparaît : c'est bien simple, l'interface est si fluide que tu oublies que tu cliques. Essaie les deux, juste tu vas halluciner de la différence d'ergonomie.
Et mon problème, il est aussi dans la réalisation de cette différence : l'interface de God Eater 2 est si naturelle qu'elle peut passer inaperçue. Il ne faudrait pas. Il faut au contraire souligner les efforts qui ont été faits dans ce sens pour en faire une référence et s'acharner sans pitié sur les tâcherons qui font des interfaces à la Soul Sacrifice.
Sinon, si on reste un gros connard de consommateur comme toi, on accepte de passer d'un jeu sur cartouche SNES qui se lance instantanément à des pages non-zappables qui t'expliquent que diffuser ton jeu sur internet c'est mal, que tu dois pas jouer 50h de suite, et surtout à des loadings comme ceux de Last of us. Et toi, tu acceptes tout ça, docilement.
Tu peux pas blâmer les gens de faire de la merde si quand ils essaient de te la faire bouffer tu acceptes et en redemandes.
Moi je dis non. Je dis non à l'écran de démarrage de Jojo ASB et son chargement obligatoire du mode campagne alors que j'y ai encore jamais touché, mais qui m'oblige à attendre ma minute de chargement, même si je ne veux faire que du mode solo. Non.
2) God Eater 2
Je ne vais pas m'étendre trop sur le jeu, d'abord parce que je n'en suis qu'à la démo, n'ayant pas encore décidé si j'allais m'y investir vraiment (je trouve la caméra un peu bordélique et la vue un peu trop rapprochée par rapport aux aires de combat et aux mouvement des ennemis), ensuite parce que ce n'est pas vraiment le but de ce article. L'interface transparente de God Eater 2 est un modèle du genre, mais les menus et les options sont bien plus nombreux et fouillis que sur un Monster Huter, par exemple, du coup ça demande un réel investissement du joueur pour en tirer parti, et ça peut en rebuter certains aussi.
Si je te parle de ces jeux, c'est avant tout parce que je trouve qu'ils sont déshumanisés.
Tu te souviens de FFXIII et des joueurs qui disaient : "Où sont les villes ? Où sont les NPC ?".
Eh ben là on est en plein dedans : l'interface de Soul Sacrifice, c'est un bouquin, tu peux lui parler de temps en temps, mais toutes les améliorations, les achats, ça se fait par menus.
God Eater 2, pareil : tout se fait par l'intermédiaire de l'ordinateur central. Et comble de la froideur, tu as des persos présents, mais ils restent à prendre la pose, en dehors de tout contexte, comme des mannequins de magasins de fringues, ce qui ajoute paradoxalement à la déshumanisation du truc :
Alors que moi, ce que j'aime, c'est les villages animés à la Monster Hunter, à la Tôkiden, voire à la Diablo, sans même parler des villes des Final Fantasy avec des tas de gens qui ne servent à rien d'autre qu'à donner de la vie à ton environnement.
Tu vois, la fille qui te parle en changeant d'expression ? Ben y a pas ça dans God Eater 2 : les persos se tournent éventuellement vers toi et un texte apparaît, mais y a pas de "bonjour", de grognements, de borborygmes ou de trucs qui ressemblent un peu à un langage. Juste du silence et du texte.
Et ça me manque, ces interactions humaines. Ajoute à ça le syndrôme "couloirs" qui plombe les jeux en 3D depuis Final Fantasy VIII et son exploration canonique du Galbadia Garden comme une visite de maison-témoin, et tu as un panoramique assez dégueulasse de ce que la 3D est en train d'instaurer sournoisement dans un univers ludique : peu de jeux peuvent se prévaloir de la vacuité spatiale d'un Xenosaga, mais j'ai la désagréable impression d'y regoûter avec God Eater 2, ses cinématique hachées qui ne laissent pas à l'émotion le temps de s'installer, ses "décors" vides que ça en peut plus, et sa modélisation kawaii mais creuse.
Indépendamment de la qualité du gameplay et/ou de l'histoire, ce côté déshumanisé du jeu me touche profondément, et pas dans le bon sens.
Je n'aimerais donc pas que ça devienne une épidémie, encore moins une norme...